Assiette Grecque Complète - Le Palais du Kebab à Epernon
Le 11/11/2013 à 09h44 - Chroniques du Kebab
J’ai déjà décrit dans d’autres chroniques mon penchant pour la routine et les habitudes. J’ai aussi parlé de la fréquence à laquelle je mange des kebabs, qui a fortement baissé, en même temps que mon cholestérol (j’en ai la preuve scientifique). Aujourd’hui je mange du kebab beaucoup moins régulièrement, mais je reste un amateur doublé d’un client fidèle. Depuis 15 ans, j’ai toujours eu un kebab « régulier », qui a changé au gré de mes déménagements, à Paris de la rue Ordener à la rue de Clignancourt, à Sucy en Brie, et maintenant à Epernon en Eure et Loir. Mon kebab régulier, c’est celui sur lequel je peux compter, il n’est pas loin, il est toujours possible d’aller en urgence y chercher de quoi me rassasier, et surtout, il est bon et la qualité y est régulière. Sinon je change. Petit à petit la confiance s’installe avec le patron, il connaît ma commande, du coup on peut discuter d’autre chose pendant la préparation. J’aime bien ce confort que procure le fait d’être un habitué.
Bon une fois de plus me voilà parti sur un chemin de traverse, alors que ceci est censé être la revue d’une assiette grecque. Mais voilà, il faut que je plante le décor avant d’attaquer une histoire, comme dans tous ces films qui démarrent par une vue aérienne de la ville ou va se passer l’action, pendant que le générique défile... Et me voilà reparti! Stop, on pose l’hélicoptère, voici le contexte : il y a bientôt 3 ans, ma femme et moi cherchions une maison dans la région. Lors de nos séances de visites intensives, il fallait bien trouver moyen de se sustenter rapidement, et, alors que nous étions en éclairage du côté d’Epernon, nous aperçûmes un signe tout à fait officiel indiquant la présence d’un palais du kebab, on y a mangé, j’ai noté le restaurant sur le site, et on a fini par trouver une maison dans les environs, en ayant déjà un candidat sérieux pour devenir notre nouveau kebab régulier.
Les mois ont défilé, les kebabs et autres assiettes aussi, et j’ai revu ma note sur le site à la hausse. Je n’ai pas vraiment d’explication pour la différence entre ma première impression et les suivantes, en tout cas, il me semblait que j’avais été un peu sévère. Voilà maintenant plus de 2 ans que ce restaurant est mon kebab régulier, je lui dois bien une vraie chronique, vous allez comprendre pourquoi.
Parlons maintenant un peu du restaurant
et des patrons : le restaurant en lui-même, comme je l’avais noté est un bâtiment classique qui hébergeait sûrement auparavant une café restaurant typique des petites villes, un petit bar, une salle de restaurant devant, puis une salle plus grande à l’arrière. Votre buffet de la gare, votre café de la poste, ou votre bar des sports, quoi. Sauf que là, plus de bouteilles de Suze ou de Berger blanc prenant la poussière ni de distributeur à sucres en forme de casque de moto, non, derrière le bar trône une belle broche rutilante et suintante. Le patron conserve à côté un bac au bain marie fermé dans lequel il pose la viande coupée (ce que je trouve mieux que de la laisser traîner dans la graisse sous la broche).Pour le reste, cela ressemble toujours à un café-restaurant comme on n’en fait plus : nappes en papier, salières et poivrières sur chaque table, et jusqu’à récemment, il y avait même un billard!
Les patrons sont très sympathiques, l’attitude parfois un peu bourrue du patron cache en fait une vraie passion et une vraie fierté pour son travail. Posez-lui une question sur sa broche et il est parti pour vous en raconter tous les détails et les qualités avec un vrai enthousiasme. La patronne quand a elle est une vraie maman, elle discute avec tous les clients, surtout en salle, et a toujours un mot gentil ou une blague à raconter. C’est assez rare de tomber sur des patrons de kebabs bavards et extravertis comme ces gens -là, et je trouve cela rafraîchissant ! C’est amusant de voir que vraiment tout le monde vient ici chercher des kebabs, des familles, des ados, des jeunes des vieux, et les patrons appellent les habitués par leurs noms en permanence. J’ai appris récemment que les gens viennent de 20Km à la ronde chercher un sandwich ici. Le kebab est dans cette ville un vrai petit îlot de convivialité : les gens s’y parlent, y rigolent et s’entraident, les gens n’y viennent pas juste pour chercher leur pitance et repartir sans un mot. Personnellement, je n’ai jamais vu ça, en tout cas, jamais à ce niveau-là.
Il y a environ un an je me suis retrouvé un soir incapable de démarrer ma voiture en revenant d’une dure journée de labeur. Le quartier autour de la gare étant assez mort vers 8h du soir, je me dirige vers le seul commerce que je sais ouvert à cette heure-là dans le coin : le kebab ! Je conduisais alors une camionnette, et le patron a de suite appelé un client dont il sait qu’il a une camionnette et des câbles pour m’aider à démarrer. Le gars est arrivé dans les 5 minutes, m’a gentiment dépanné, et je suis depuis éternellement reconnaissant envers le patron du kebab non seulement pour sa broche mais également pour son coup de main ! Quant au gars qui m’a dépanné, j’ai fait en sorte que son prochain kebab soit ma tournée…
Vous en connaissez beaucoup, vous, des kebabs comme ça ?
J’arrête-la mes divagations, il est temps de se pencher que cette assiette grecque, car au fond c’est quand même pour ça que nous sommes là.
Première chose : les assiettes à emporter sont servies dans des plateaux à compartiments dotés d‘un couvercle rigide. Franchement, c’est super pratique : tout a sa place et rien ne se mélange pendant le transport. Le mélange, on peut le faire soi-même pendant la dégustation.
Les crudités : de la batavia, des tomates et des oignons, classique, frais, rien à dire.
Les frites : excellent point. Ici les frites sont toujours bien cuites, croquantes, jamais molles, y compris après transport et retour à la maison, le plateau s’y prête bien, mais pour avoir également acheté des sandwiches à emporter, c’est aussi vrai pour les boîtes en polystyrène.
Les sauces : sauces industrielles, sans surprises.
Le pain : pain à kebab classique un peu élastique, ne se déchire ou ne se perce pas facilement. Pas mal.
Le boulgour (et oui, on peut avoir du boulgour et des frites en même temps, ça rentre dans le plateau !) : il est cuit nature et avec des vermicelles, ça change de la recette aux oignons et tomates, et cela se marie très bien avec la viande.
La viande : la viande n’est pas trop grasse ni trop sèche, c’est du 100% veau. L’assaisonnement est discret, mais sans fausse note. C’est une bonne broche.
Les quantités : je l’ai déjà dit dans ma précédente évaluation : énorme ! J’arrive à peine à finir, et ma femme ne finit jamais, même en laissant le pain de côté. En gros il y a de quoi se faire 2 plats :
-Une assiette grecque classique : Boulgour, crudités et viande à la fourchette : excellent, car les crudités sont croquantes vu qu’elles n’ont pas cuit au contact de la viande dans un sandwich
-Un grec frites : il y a tellement de viande et de sauce, qu’il y a tout à fait moyen de se faire un sandwich avec le pain, quelques crudités et bien sûr une bonne moitié de la viande, qu’on n’a plus qu’à manger avec les frites
Conclusion : je sais que ce restaurant est mon régulier et qu’avec l’habitude et la répétition, et le statut d’habitué, on a tendance à perdre en objectivité, mais voici un kebab de bonne facture, fait avec des produits corrects, dans un cadre agréable et une ambiance conviviale par des gens qui prennent leur travail au sérieux. Définitivement une bonne adresse. Et encore, j’en pense encore plus de bien que ce que j‘écris !!